Un moment si doux

Posted on Jan 7, 2014 in blog, divers

La  période des fêtes de fin d’année, c’est comme les bonnes résolutions : en général, j’essaie de ne pas trop y penser. Elles arrivent toujours trop vite, conjuguées au bouclage de la saison des mariages (les derniers albums à mettre en page, monter, livrer) et celles des portraits qu’on offre et qu’on s’offre à Noël, et ne parlons même pas des « achats de Noël » et de la course de dernière minute pour courir les magasins.

Vient soudain le moment où tout s’arrête, chaque portrait est livré, chaque mariage est gravé et mis en valeur dans des albums uniques. Il faudrait encore faire du ménage dans les disques durs, classer certaines choses mais il est temps de faire une pause. De partir en vacances.

Comme d’habitude, je suis le dernier à faire mes bagages, à éteindre les ordinateurs, à vérifier ceci et cela (dont 2 ou 3 fois les serrures, un vieux toc inavouable). La route, les villages décorés, la forêt qu’on traverse, le clocher dans la nuit et la voiture qu’on laisse sous les camélias dans la cour, les retrouvailles, la cheminée autour de laquelle se tiennent la plupart des discussions pour les jours et soirées à venir.

Une fois installé, je me dis que je devrais prendre quelques résolutions : m’y prendre plus tôt pour les achats l’an prochain, être plus rigoureux sur certains machins administratifs, faire un peu de sport (on ne rit pas), prendre du temps pour lire, dormir plus … ça ne coûte pas grand chose et ça n’engage que moi.
2013.12.25
Dans la nuit du 24 au 25 décembre, le Père Noël m’a apporté trois beaux livres. Croyez-moi, j’étais plus heureux que si j’avais reçu une X-Box, une Playstation ou un nouvel appareil photo (un, parce que je ne joue quasiment jamais – je n’y comprends pas grand chose et les raclées que ma descendance m’inflige à Fifa me tiennent éloignées de toute console, deux parce qu’un appareil photo, ça me rappelle le bureau). Dans celui qui trône en haut de la pile, j’ai trouvé page 40 un passage qui m’a bouleversé « J’ai photographié ma maman aussi, mais pas ou très peu mon père. C’est sans doute la dernière chose que l’on puisse faire : photographier son père ou le filmer. Je regrette de ne pas l’avoir fait mais je n’en étais pas capable ». Je me suis mis à apprécier mon troisième prénom.

Les jours suivants, j’ai pris la résolution de ne pas prendre de résolutions. J’ai décidé de ne rien faire de spécial, je n’ai pas lu les livres que j’avais emportés, pas vu les films que j’avais prévu de regarder. J’ai beaucoup pensé à ces mots de Raymond Depardon, à ceux qu’on ne peut plus photographier parce qu’à 15 ou 20 ans on n’ose pas, à tous ces visages et expressions qu’on a laissé filer.

Je me suis dis que j’avais choisi aujourd’hui un beau métier qui me permet de restituer certains de ces instants si précieux à ceux qui me font confiance, qu’il s’agisse d’un mariage, d’un portrait de famille, de naissance, etc.. J’en ai conclu que je n’allais finalement pas changer grand-chose à mes mauvaises habitudes et que malgré tout, la période des fêtes de fin d’année était bien « un moment si doux ».